Le taux de rénovation en Flandre doit être triplé si nous voulons que nos bâtiments soient totalement neutres sur le plan climatique d’ici 2050. Cela signifie que nous devons augmenter fortement nos efforts à court terme, afin de ne pas faire peser tout le fardeau sur la prochaine génération. Nous croyons que l’accompagnement des projets de rénovation de quartier peut être un outil très important à cet égard.
Dans ce longread, nous allons vous montrer comment nous pouvons tous ensemble lancer une véritable révolution de la rénovation en Belgique.
Nous aborderons le concept de révolution de la rénovation dans ce contexte à deux niveaux :
- Une révolution de la rénovation dans le quartier, c’est-à-dire comment motiver le plus grand nombre de participants possible avec un projet de rénovation de quartier.
- Le déclenchement d’une révolution de la rénovation à l’échelle nationale, c’est-à-dire comment utiliser les expériences d’une rénovation de quartier comme catalyseur pour de nombreux autres projets de rénovation de quartier dans le pays.
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À la recherche du point de basculement
Dans ce longread, nous nous appuyons sur l’ouvrage de Malcolm Gladwell intitulé The Tipping Point (Le point de basculement). Un point de basculement, ou point d’inflexion, est le moment où une tendance se transforme en une révolution à grande échelle. Dans le cas présent, il s’agit du moment où nous voyons soudainement notre taux de rénovation tripler rapidement sur une période relativement courte.
Dans le graphique, nous voyons une représentation simplifiée de la manière dont le taux de rénovation actuel oscille autour de 0,7 % à 1 % depuis des années. Le point de basculement est le moment où ce taux de rénovation commence soudainement à s’accélérer sur une période de plusieurs années.
Ce type de courbes évolutives se retrouve dans toutes sortes de contextes, par exemple dans les ventes de produits populaires, mais aussi dans l’apparition de maladies telles qu’une épidémie de grippe.
Selon la théorie de Gladwell, nous pourrions également déclencher une révolution similaire dans le domaine de la rénovation des quartiers, à condition de réunir les bons éléments au bon moment.
Une telle révolution de la rénovation à grande échelle serait bien sûr formidable. Car si le nombre de rénovations de quartiers augmente de manière exponentielle, nous pourrions réellement contribuer à la transition énergétique de demain.
Comment parvenir à un tel moment de basculement ?
La bonne nouvelle, c’est que ce moment de basculement est en partie sous notre contrôle. Selon Gladwell, certains facteurs permettent de prédire une révolution. Il s’agit des facteurs suivants :
- La loi du plus grand nombre
- Le facteur d’adhérence de l’idée/du concept
- La force du contexte
La loi du petit nombre
One spark can start a fire. La loi du petit nombre dit qu’un nombre limité de personnes peut déclencher une grande révolution.
La règle des 80-20 décrit un phénomène sociologique que l’on retrouve dans de nombreux groupes. 20 % d’un groupe peuvent suffire à convaincre les 80 % restants de leur idée. En d’autres termes, il suffit de quelques personnes influentes pour provoquer un point de basculement.
Gladwell divise ces personnes influentes en trois catégories
- Les connecteurs sont des personnes qui ont de nombreux contacts dans plusieurs quartiers. Ils établissent des relations entre différentes communautés.
- Les persuadeurs sont des personnes dotées d’un grand charisme qui savent convaincre les gens. Ils influencent les décisions d’achat et le comportement des autres.
- Les experts ne disposent pas d’un réseau aussi étendu, mais ils en savent beaucoup sur les rénovations de quartier, de sorte que les autres suivent leurs recommandations.
Ces trois types d’influenceurs peuvent être regroupés en une seule personne ou, plus vraisemblablement, en deux ou trois personnes.
Par exemple, un connecteur peut être le président d’une association de quartier ou un fonctionnaire municipal. Ils peuvent nous diriger vers les bonnes personnes pour lancer ensemble un projet de rénovation de quartier, ou pour mobiliser immédiatement un large public pour assister aux séances d’information.
Un connecteur peut également être quelqu’un qui recommande cette formation vidéo et cette méthodologie et les transmet à son réseau de collègues dans d’autres administrations locales.
Ainsi, un connecteur est quelqu’un qui fait circuler rapidement et efficacement les connaissances au sein de la population.
Un persuadeur peut être un résident du quartier ou une personne respectée qui a déjà participé avec succès à une rénovation de quartier. Ces personnes ont une grande capacité de persuasion pour convaincre les autres partageant les mêmes idées qu’eux.
Un persuadeur peut également être quelqu’un qui persuade d’autres villes et municipalités de l’utilité des projets de rénovation de quartier. L’essentiel de l’action des persuadeurs est de présenter leur témoignage de manière belle, authentique et percutante. La vidéo et les médias sociaux peuvent constituer le cocktail parfait
Enfin, il y a les experts. Dans le cas des rénovations de quartier, ce sont d’une part les superviseurs de la rénovation qui ont une très bonne connaissance technique et sociale de la situation. D’autre part, ce sont les conseillers en processus et les responsables de la communication qui peuvent traiter avec les habitants du quartier de manière très compétente. Ils peuvent attirer l’attention et impliquer les habitants dans le processus.
Constituez-vous vous-même une équipe chargée de superviser les projets de rénovation dans votre quartier ? Si c’est le cas, essayez d’être attentif à ce que vous puissiez vous aussi attirer les bonnes personnes à bord
Le facteur d’adhérence
Si vous voulez diffuser une idée, vous devez d’abord vous assurer qu’elle reste dans les esprits. C’est pourquoi il est important de réfléchir à la manière dont vous racontez votre histoire. Une histoire doit avoir quelque chose de spécial, d’accrocheur. Quelque chose qui la distingue du reste des informations dont nous sommes inondés chaque jour. Un petit détail peut faire toute la différence.
L’idée du facteur d’adhérence a été développée par Dan et Chip Heath dans leur livre Made to Stick. Ils ont identifié six facteurs de succès qui contribuent à l’attractivité d’une idée ou d’un message. Appliqués aux projets de rénovation de quartier, ces facteurs pourraient être les suivants :
- Simple: Gardez vos formulations et idées simples si vous voulez atteindre un public.
- Unexpected: Surprenez les résidents avec des messages ou des promotions inattendus dans des endroits et à des moments inattendus.
- Concrete: Montrez concrètement comment vous envisagez le processus. Assister à une réunion d’information aujourd’hui signifie qu’un conseiller en énergie se présentera chez vous la semaine prochaine.
- Credible: Travaillez avec des organisations et des personnes crédibles et fiables. Dans ce contexte, les ambassadeurs et les témoins du quartier sont une bonne idée.
- Emotional: Adressez-vous aux gens sur le plan émotionnel, par exemple en mettant en avant le désir d’une source d’énergie locale.
- Story: Racontez votre message sous forme d’histoire. Laissez les témoins partager leur expérience, comment ils se sont sentis en sécurité grâce à l’accompagnement de la rénovation, et combien ils sont désormais satisfaits de leur logement
Le pouvoir du contexte
La manière dont vous structurez votre récit dépend de votre public cible et de son contexte. Le comportement humain est fortement influencé par l’environnement. Il est donc essentiel de réfléchir préalablement au groupe auquel vous souhaitez adresser votre histoire. Si les résidents d’un quartier ne sont pas enclins à la rénovation, il est peu probable que vous atteigniez le point de basculement (tipping point).
Le contexte peut englober:
- Des facteurs personnels tels que « je viens de déménager et j’ai envie de rénover » ou « mon père vient de décéder, c’est une période difficile ».
- Des facteurs locaux tels que « ce quartier compte des logements locatifs dont les propriétaires sont difficilement joignables » ou « la municipalité a décidé d’introduire une prime supplémentaire pour la rénovation énergétique ».
- Des facteurs supra-locaux tels que « le prix du gaz naturel est actuellement très bas, rendant la rentabilité des économies d’énergie difficile » ou « les normes d’isolation des toits et des fenêtres vont être renforcées! »
Vous pouvez déjà constater qu’il existe de nombreux facteurs contextuels qui ne sont pas toujours sous notre contrôle. C’est un fait que nous devons accepter dans une certaine mesure. Le projet de rénovation de quartier parfait avec une garantie de participation à 100 % n’existe pas.
En revanche, il est extrêmement important de continuer à travailler sur les facteurs contextuels que nous pouvons changer. Unissez vos forces et faites entendre votre voix auprès du gouvernement municipal et des autorités supérieures au sujet des facteurs contextuels que nous pouvons changer pour le mieux.
Encore une fois, il est extrêmement important de partager ces messages au sein de vos propres réseaux et sur les médias sociaux. Prenez vous-même le stylo en main, cherchez le soutien de vos collègues et faites-vous entendre. Si tout le monde reste silencieux, rien ne changera.
En résumé
- Assurez-vous d’avoir les bonnes personnes à bord;
- Présentez votre concept et vos idées de manière à ce qu’ils adhèrent chez les gens;
- Soyez conscient du contexte et essayez de l’influencer au besoin.
Vous voulez commencer à générer de l’impact vous-même ? Alors assurez-vous de partager ce texte!